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Vingt ans pour faire évoluer une petite ferme

« Après une année 2022 très séche, nous avons pu reconstituer des stocks en 2023 », apprécient Olivier et Laëtitia Tichet, avec leur fils cadet Axel au centre.

Olivier et Laëtitia Tichet ont choisi de conserver des vaches et des brebis pour se développer et trouver un équilibre durable.

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Au Gaec des Amandines, le calendrier de travail est bien rempli avec deux troupeaux. « Les brebis agnellent en août et décembre, et les vaches vêlent en décembre. Nous avons ainsi des agneaux  ou des veaux à soigner durant une bonne partie de l'année », observent Olivier et Laëtitia Tichet, éleveurs à Peyre-en-Aubrac, en Lozère. Pour simplifier leur organisation, ils auraient pu se spécialiser. Mais s'ils partagent la même fibre animalière, ils ont chacun leur troupeau de cœur et n'envisagent pas un instant de s'en séparer !

Quand Olivier a repris l'exploitation familiale en 2001, il y avait déjà deux troupeaux comme souvent dans le plateau d'altitude de la Margeride, afin de valoriser au mieux toutes les terres. « Mes parents élevaient 16 aubracs et 130 brebis blanches du Massif central sur 70 ha. J'ai conservé les deux productions en m'agrandissant pour développer le troupeau bovin », raconte Olivier, passionné par la race aubrac.

En 2003, pour remplacer la petite étable dans le village, il a construit une stabulation, puis deux ans après, il a remis en culture 20 ha de parcours à mouton afin de produire plus de fourrages. « J'ai ensuite augmenté les surfaces au fil des opportunités et porté l'effectif à 60 vaches. »  En 2011, sa femme Laetitia a quitté son emploi salarié pour s'installer à son tour avec une priorité, les brebis. 

Les aubracs vêlent en décembre et démarrent l'allaitement en stabulation. Un tiers du troupeau est conduit en croisement, avec un objectif de monter à 50 %. (©  Frédérique Ehrhard)

Un agrandissement progressif

« J'ai amené 35 ha transmis par mes parents et nous avons créé un Gaec entre époux, ce qui nous a permis de bénéficier d'une part de primes en plus », souligne l'éleveuse.  En 2012, ils ont investi 250 000 € dans l'achat de 17 ha de terres, une deuxième stabulation, une grange et du matériel. « Nous avons installé des tapis d'alimentation dans la bergerie et porté l'effectif  à 200 brebis », précise-t-elle.

Aujourd'hui, les 210 ha sont répartis sur deux sites distants de 25 km qui se complètent bien. « L'été, les vaches valorisent les parcelles les plus éloignées et estivent pour une partie d'entre elles sur l'Aubrac », note Olivier. Les brebis disposent ainsi de plus de pâtures autour de la bergerie au moment de l'agnelage principal, positionné en août pour approvisionner à contre-saison la  filière IGP Agneau de Lozère Elovel.

Des filières de qualité

« Nous avons misé dès le départ sur les filières de qualité », note Olivier. En complément des broutards, il a développé l'engraissement de génisses croisées en IGP Fleur d'Aubrac et de vaches en label rouge Boeuf fermier Aubrac. « Quand le prix des aliments grimpe, nous avons moins de marge de manœuvre pour maîtriser nos coûts dans ces filières. Mais les prix de vente fluctuent moins, et dans la durée nous valorisons mieux nos animaux », affirme Laëtitia.

Ramenées à l'UGB, les marges tournent autour de 850 € en ovin comme en bovin. Les vaches fournissent les deux tiers de la marge de la ferme et les brebis un tiers. Les deux troupeaux sont en sélection et en contrôle de performance. « Cela fait des frais mais c'est intéressant. Maintenant que nous avons atteint nos objectifs en termes d'effectifs, nous allons pouvoir trier notre renouvellement et progresser grâce à la génétique », relève Laëtitia.

L'agnelage principal se situe en août, à contre-saison, et le rattrapage ainsi que l'agnelage des antenaises en décembre, en même temps que les vélages. (©  Frédérique Ehrhard)

Les deux éleveurs veulent également conforter leur autonomie fourragère afin de mieux faire face aux sécheresses. « Sur nos sols acides et filtrants, la production d'herbe est vite réduite. En 2022, nous avons dû acheter du foin dès le mois de juillet », note Olivier, qui prévoit d'introduire des méteils et des légumineuses. L'équilibre économique s'est amélioré, mais reste un peu juste compte tenu des annuités.

« En 2024, 2026 et 2027, nous allons solder trois gros prêts, cela va aller mieux ! », relève-t-il. Avec l'arrivée du loup, qui a déjà attaqué une fois leurs brebis en plein jour, l'avenir s'est un peu obscurci. La  consommation de viande rouge qui fléchit, les inquiéte aussi. « Nous nous posons des questions sur l'avenir, mais nous restons heureux d'avoir choisi ce métier ! », affirme Laëtitia.

Les journées de travail sont bien remplies. Leur fils cadet Axel, en cours de formation, leur donne volontiers un coup de main et verrait bien des brebis laitières arriver un jour sur la ferme. Mais après vingt ans d'investissements, Olivier et Laëtitia ont d'abord envie de faire une pause et de conforter leur situation avant d'envisager une nouvelle étape. 

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